De qui êtes-vous l’ami ?

Un matin, je fus réveillé par une odeur de fumée.
Dehors, je vis un petit feu, et dis :
« Ce n’est qu’un petit feu, sans mauvaise intention. »
J’avais devant moi un carré de terre où aussitôt,
non sans plaisir, je semais la graine
de ma nouvelle conviction.

Un ami qui passait là, pour me prouver son bon sentiment, se saisit d’un arrosoir, et me dit :
« Mets-toi donc assis sur cette graine. Au titre de notre amitié, je prends sur moi de l’arroser ».
Ce qu’il fit si bien que ma certitude, grandissant à vive allure,
m’éleva fort loin.
Plus j’étais certain, plus l’ami arrosait.
Plus l’ami arrosait, plus j’étais certain.

D’en bas, soudain, la chaleur se fit sentir.
Le long de la tige, grimpa à toute allure, une trainée ardente.
Dans l’affreuse descente, vers l’océan de flammes, une voix me dit :
« Regarde, imbécile, ton ami est mort.
La prochaine fois, au lieu de croire,
verse sur le feu, l’eau du petit arrosoir ».

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